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LES OBJETS DE LA MAISON

1. BUREAU D’AUGUSTE COMTE
(Cabinet de travail)

Ce bureau en bois acajou, recouvert de basane verte a été acheté par Auguste Comte avant d’arriver rue Monsieur-le-Prince, probablement lorsqu’il habitait rue de Vaugirard au milieu des années 1830. Il est également doté de deux tiroirs et de deux tablettes amovibles à droite et à gauche.

Elément emblématique de la maison d’écrivain, le bureau atteste de manière physique de la présence du penseur/écrivain dans son environnement. C’est sur ce bureau que Comte a écrit la fin du Cours de philosophie positive, le Système de politique positive, ainsi que le Discours sur l’ensemble du positivisme et le catéchisme positiviste. Il écrivait, fait étonnant, devant son miroir, se disant entouré de ses trois anges lorsqu’il écrivait.

Le fauteuil en bois d’acajou garni en maroquin vert qui accompagne le Bureau est lui aussi d’origine, acheté en 1838 chez un fabricant de meubles boulevard du Temple (voir facture).

2. LE POTAGER
(Cuisine)

Appareil de cuisson apparu au XVIIe siècle et encore courant au début du XIXe, le potager a été ensuite remplacé, progressivement par les cuisinières en fonte. Le potager situé dans l’appartement d’Auguste Comte n’a plus servi à la cuisson après 1861 (date de la mort de la domestique d’A. Comte, Sophie Bliaux, qui gardait encore l’appartement) et a été recouvert par la suite (probablement au début du XXe siècle) d’étagères en bois, permettant jusque dans les années 2010, d’entreposer des livres. Il a été redécouvert en 2014 lors du renouveau muséographique de l’appartement et a retrouvé son aspect original depuis lors. Le potager, dont l’armature est en pierre, possède des creusets à braise avec cendrier, deux niches de rangement et un plan de cuisson, recouvert de carreaux en faïence à motifs bleux et de carreaux en terre cuite vernissée. Ce plan de cuisson est percé de trous carrés munis de grilles pour pouvoir poser les marmites ou plats au dessus du brasier. Il est l’élément essentiel de la cuisine de l’appartement, resté presque intact, uniquement repeint au niveau des parties supérieures lors de sa redécouverte.

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3. CARTES GÉOGRAPHIQUES / GLOBES CÉLESTES ET TERRESTRES
(Office/ Salle de cours)

Auguste Comte possédait deux cartes géographiques (une de l’Europe et une de la France) ainsi que deux globes, célestes et terrestres dans son appartement. Ces objets précieux nous sont parvenus en état relativement correct et n’ont pas été restaurés depuis le XIXe siècle; ils ont été achetés par Comte chez le célèbre éditeur cartographique Andriveau-Goujon (célèbre non seulement pour ses cartes mais aussi ses atlas), situé rue du Bac. La maison Andriveau Goujon fut ensuite reprise par la maison Barrière et cessa d’exister sous son nom en 1892.
Les deux cartes (qui datent de 1836 pour la France et 1837 pour l’Europe), imprimées sur cuir, montées sur un châssis de bois, et les globes (voir la facture) ont été achetés avant que Comte n’emménage rue Monsieur-le-Prince, à l’époque où il habitait rue d’Ulm près du Panthéon à la fin des années 1830 jusqu’en 1841.

4. LA BALANCE
(salle à manger)

Cette balance de précision à plateaux en cuivre a été acquise par A. Comte en 1848. Elle est accompagnée d’une série de poids en laiton. Sa colonne est surmontée d’une sphère décorative. Elle a été fabriquée par le balancier-ajusteur Rancy Fils, situé quai des orfèvres à Paris. Son usage est bien connu: Comte était de santé fragile et faisait très attention à son régime alimentaire. Il mangeait peu, et avait progressivement réduit, sur la fin de sa vie, sa consommation de viande, « l’usage du vin et des excitants quelconques » (dont le café). Il se servait de cette balance, posée sur la cheminée de la salle à manger de l’appartement, pour peser sa nourriture. Il avait ainsi réduit sa consommation hebdomaire de viande à « cent grammes ». (Citations extraites d’une lettre de Comte à de Tholouze, 23 avril 1853)

5. VASE DE MARIÉE
(salle à manger)

Le vase de mariée faisait traditionnellement partie des cadeaux de mariage offert par un membre de la famille proche en France du milieu du XIXe au début du XXe siècle. Ce vase faisait en réalité partie d’un ensemble: le vase de mariée et deux plus petits (garçon et demoiselle d’honneur). Bien souvent garnis de bouquets, ils sont généralement en porcelaine blanche (celui ci de Paris), en forme de coquille ou d’éventail à col ouvert. L’un des motifs les plus connus est celui de la rose qui reste le symbole de l’amour éternel, qui figure sur celui conservé rue Monsieur-le-Prince. Auguste Comte a choisi ce vase pour conserver un bouquet de fleurs (fraîches à l’origine semble-t-il) offert par Clotilde de Vaux, sa « véritable épouse » (d’où l’importance du choix d’un vase de mariée…) et amour de sa vie. Il sera pieusement conservé par le philosophe et introduit par lui dans le mobilier liturgique au même titre , et avec « la même vénération » que le « fauteuil rouge ». Un bouquet de fleurs séchées est toujours présent à l’Appartement – Musée du 10 rue Monsieur le Prince, sans doute offert par de fervents ou pieux positiviste, et commémore le bouquet de Clotilde. Le « vase sacré » qui a recueilli les fleurs offertes par Clotilde a été lui aussi conservé au 10 rue Monsieur le Prince, avec son cachet de cire verte « positiviste » l’authentifiant : il témoigne discrètement, pour les générations futures, du fameux bouquet offert par Clotilde lors de sa visite du mercredi 3 décembre 1845.

6. LE FAUTEUIL DE CLOTILDE DE VAUX (salon)

Un fauteuil en bois d’acajou recouvert de tissu rouge trône dans le salon de l’appartement. Il s’agit de celui sur lequel s’asseyait Cloltilde de Vaux, le grand amour d’Auguste Comte, lors de ses visites du mercredi au philosophe. Il a été conservé tel quel par les disciples positivistes, selon la volonté d’Auguste Comte qui avait lui même « authentifié » le fauteuil sur lequel s’asseyait Clotilde de Vaux lors de ses visites rue Monsieur-le-Prince en le recouvrant d’une housse verte et en apposant son sceau sous l’assise de la chaise en question. Afin que les disciples ne le confondent pas avec une autre chaise de l’ensemble du salon, la lettre « C » accompagne le sceau: « Ayant toujours été le siège de Mme de Vaux dans ses saintes visites du mercredi, je l’érigeai, même pendant sa vie, et surtout après sa mort, en autel domestique. » Du vivant de Clotilde, il s’agenouillait devant, en relisant chaque jour, les lettres de son égérie. Après sa mort il l’utilisa pour invoquer sa « seule véritable épouse » dans ses prières journalières. Comte s’y asseyait aussi exceptionnellement « pour les cérémonies religieuses » (Toutes les citations sont extraites du testament d’Auguste Comte, 1855).

7. LA PENDULE PORTIQUE
(Salon)

Une pendule portique à quatre colonnes, en marbre noir et bronze doré, d’époque Charles X, orne la cheminée du salon de l’appartement. Elle nous est parvenue en parfait état et son mécanisme est intact. Le cadran, appelé annulaire, est composé d’un cercle en émail blanc, au centre d’une pièce en bronze comportant la signature de l’horloger, P. Mathieu, écrit à l’encre noire. L’espace entre les colonnes est occupé par son balancier d’origine dont la lentille est également en bronze doré au mercure, connu sous le nom de balancier Berthoud. Comte s’était vainement efforcé, « comme Charles Quint », précise son disciple Philémon Deroisin, de faire marcher mathématiquement d’accord cette pendule avec l’autre modèle situé dans son cabinet de travail (celle ci en marbre bleu turquin)… Le philosophe a acheté ces deux pendules chez Mathieu, horloger place de la Bourse à Paris, en 1843.

8. TÊTE PHRÉNOLOGIQUE
(Cabinet de travail)

La phrénologie, fondée par le médecin et neurologue allemand Franz Joseph Gall, prend pour postulat de départ l’idée que les facultés mentales sont liées spécifiquement à certaines parties du cerveau. Gall avait ainsi pour ambition de lier la physiologie à la fonction du cerveau, ouvrant ainsi la porte aux actuelles neurosciences. Le développement du cerveau impactant la forme du crâne, des bosses se forment ainsi, et nous pouvons alors en déduire que telle ou telle faculté était plus développée qu’une autre d’après la grosseur de cette bosse. Gall avait imaginé ainsi toute une cartographie du crâne, divisé en plusieurs aires: la bienveillance, la méchanceté, la gaité etc… Cette science connut son apogée durant les années 1830, sous Louis Philippe. Une société de phrénologie fut même fondée par l’illustre médecin Broussais en 1831.
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Auguste Comte a lui même été membre de la société de phrénéologie dès sa fondation et durant plusieurs années. Il a même conçu sa propre théorie de répartition des facultés cérébrales et établi une « classification positive des fonctions intérieures du cerveau » (voir archives). Il possédait également une tête phrénologique en plâtre basée sur le modèle de Spurzheim, légèrement différent de celui de Gall (celle de Spurzheim possède quelques facultés additionnelles). Nous n’avons guère de précision quant à son acquisition.

9. LE SYSTÈME DE CLOCHES FILAIRE
(Cuisine et salle des portraits)

Auguste Comte avait à son service une domestique et cuisinière, Sophie Bliaux, dont il se prit d’affection jusqu’à en faire sa « fille adoptive » dans son testament. Celle-ci, très dévouée à Comte, était aussi sa confidente et sa messagère, notamment pendant « l’année sans pareille » et la relation qu’il entretint avec Clotilde de Vaux. L’appartement d’Auguste Comte possède encore les vestiges d’un système de cloches filaire, destiné à faire appel à Sophie au besoin. Afin d’être capable de communiquer efficacement avec les domestiques, les systèmes internes de sonnettes sont devenus très populaires lorsqu’ils ont été inventés au milieu du XVIIIe siècle. Un fil de cuivre se terminait par une boucle en laiton, accrochée à la paroi de la cloche. Au moment où la présence de Sophie était requise, la boucle en laiton portait le mouvement le long du fil de cuivre de la cloche jusque dans ses quartiers, menant à un ressort avec une cloche montée dessus. Le ressort vibrait à cause de la traction sur le fil, et une cloche sonnait. Les cloches ont été montées sur le mur à l’entrée de la cuisine et dans l’entrée de service.

10. LA LUNETTE ASTRONOMIQUE

Cette lunette devait servir à Comte à effectuer des calculs d’angle. Ce très bel objet, en acier et laiton confirme la passion de Comte pour l’astronomie. La partie supérieure de l’objet est constituée d’un instrument de visée servant à mesurer la hauteur d’objets inaccessibles (hauteur des étoiles, en mer, ou grandeurs inaccessibles sur terre, du fait de leur éloignement, de leur hauteur ou des obstacles interposés). Le modèle est à relier au graphomètre de Philippe Danfrie (1534-1606, son inventeur), qui a ainsi perfectionné des instruments connus de longue date. L’usage d’un demi-cercle plutôt que d’un carré géométrique, ou d’un disque, comme dans les astrolabes, caractérise l’héritage de Danfrie dont l’instrument est nommé graphomètre, trigonomètre ou inclinomètre. A la base de la partie « graphomètre » de l’instrument, un disque horizontal d’orientation du plan du rapporteur et de son alidade (la reglette permettant les mesures d’angles), relativement au plan horizontal.

11. LE TABLEAU NOIR (salle de cours)

Comte donnait des cours privés de mathématiques à son domicile, à un voire deux élèves à la fois, souvent des élèves de l’Ecole polytechnique, et se servait de ce tableau noir, situé dans une salle de l’appartement attenante à la chambre à coucher. Ce tableau mural en bois peint n’a absolument pas bougé depuis la mort d’Auguste Comte. Si l’on peut encore retrouvé d’anciens modèles de tableaux dans les écoles ou dans les brocantes, il est rare qu’un tel objet ait traversé le temps dans un appartement privé ! Comte y écrivait ses formules et équations, au moins jusqu’en 1851, lorsqu’il cessa de donner des cours à domicile.

12. LE CHAPEAU HAUT DE FORME
ET SON CARTON
(chambre à coucher)

Ce chapeau-soie haut-de-forme a été acheté par Auguste Comte en juillet 1851 dans une boutique (La maison Gellé) située, à l’époque, rue de l’Ancienne Comédie. Il est resté intact depuis sa mort et reste visible dans la chambre à coucher de l’appartement. Comte a dépensé 15 francs de l’époque pour son acquisition. Le Haut-de-forme était encore, dans les années 1850, le signe d’une condition plutôt aisée et / ou bourgeoise, voire petite-bourgeoise. Le chapeau d’Auguste Comte est accompagné d’un carton à chapeau en cuir, à son nom.

13. LE VASE EN PORCELAINE
(Chambre à coucher)

Ce vase en porcelaine orné d’un motif floral sur fond vert a été offert à Auguste Comte par l’un de ses disciples, l’anglais James B. Winstanley (1830-1862), le 15 août 1857. Une étiquette de la main de Comte est scellée à la cire verte sous le socle et porte l’inscription suivante: « Donné par Monsieur Winstanley, le jour de l’Assomption 1857, en l’honneur de Clotilde de Vaux ». Le 22 août, Comte garnit ce vase d’un bouquet de fleurs lui rappelant le « saint bouquet » que Clotilde de Vaux lui offrit jafis.
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Winstanley était un ancien élève du positiviste anglais Richard Congreve à Oxford. Converti au positivisme par Congreve, il se rendit à Paris pour rencontrer Comte au printemps 1857 et l’entretint à plusieurs reprises d’un projet d’exploitation agricole. Fasciné par le philosophe, il appelait ce dernier « Mon père ». Plutôt aisé financiérement, il fut même, un temps, le contributeur le plus important au subside positiviste. Sa grande dévotion fut récompensée par Comte, qui le tenait aussi en haute estime, par l’administration du sacrement de la « destination ». De santé fragile, il connut un destin tragique, se jetant dans les eaux du Rhin en 1862, à seulement 32 ans.

14. LE LIT
(chambre à coucher)

C’est dans ce lit bateau en acajou, d’époque Louis Philippe, que dormait Auguste Comte. Le lit était situé dans une alcôve, séparée du reste de la chambre par deux rideaux, comme cela se faisait couramment au XIXe siècle. C’est là également qu’il rendit son dernier souffle entouré de ses disciples et de sa domestique Sophie Bliaux. Il a été depuis conservé intact dans sa structure.

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